A.S.U.D.

Auto-Support des Usagers de Drogues

C’est dans le contexte français de l’ouverture du débat sur la réduction des risques que le groupe ASUD s’est créé en 1992. Dans le champ de la toxicomanie, le nouveau paradigme de réduction des risques apparaît suite à la découverte de la contamination des usagers de drogues par voie intraveineuse par le sida. Ainsi, le sida a servi de révélateur pour faire reconnaître les compétences des usagers de drogues.

Objectifs

  • Provoquer le changement des politiques en matière de drogues (lutte contre les politiques répressives).
  • Entraîner la participation des usagers de drogues à la définition de ces politiques.
  • Lutter contre la stigmatisation des usagers de drogues .
  • Promouvoir la réduction des risques liés à l’usage de drogues (sida mais aussi hépatites, septicémies, overdoses… via la facilitation de l’accès au matériel stérile, aux soins et à une information objective sur les drogues).
  • Promouvoir et faciliter l’accès au traitement de substitution.
  • Soutenir les usagers pris en charge par le système social et/où médical.

Comment ça se passe?

Le financement d’ASUD provient de la DGS[1] et de Ensemble contre le sida (ECS). ASUD produit et diffusent des messages de réduction des risques (RdR) réalisés par les usagers pour les usagers sous différents supports (journal, affiche et brochure).

Freins

Au niveau individuel :

  • Obstacles propres aux usagers eux-mêmes et à leur micro-société. La dépendance au produit. S’organiser demande du temps et une attention difficile à assurer par les usagers. Les effets du produit et les conditions du marché de la drogue (trouver l’argent nécessaire, trouver le produit… ) et la « galère » qui en découle, absorbent beaucoup d’énergie, moralement et physiquement. Cette dépense d’énergie laisse peu de temps pour toute autre préoccupation et encore moins pour l’organisation. Cela est particulièrement vrai pour les utilisateurs de produits injectables, et notamment l’héroïne.
  • Les conditions de survie matérielles. L’usager actif type dépense généralement la plupart de ses ressources et revenus pour se procurer les produits dont il a besoin pour sa consommation journalière. Les ex-usagers, eux, sont souvent sans formation et sans emploi et n’ont pas non plus les ressources suffisantes pour apporter une aide financière et matérielle au groupe d’auto-support. L’autofinancement se trouve ainsi dans l’impasse du fait du manque de fonds et de moyens. Un financement extérieur peut éventuellement débloquer la situation, mais cette solution n’est pas sans inconvénients. Elle implique de faire des concessions sur les revendications et les objectifs, qui pourraient finir par rendre suspecte l’indépendance du groupe aux yeux des usagers « de base ». Par ailleurs, le fait que les usagers de drogues ne soient pas considérés comme des personnes dignes de confiance en matière de gestion des fonds, associé au manque d’expérience de la vie communautaire organisée, attribuent la plupart du temps l’organisation aux professionnels, vécus comme étant les seuls capables d’assumer ce type de responsabilités.
  • L’organisation sociale et la culture des usagers de drogues. L’organisation sociale des usagers de drogues actifs tourne principalement autour du marché de la drogue. Les rapports entre dealers, revendeurs, et consommateurs sont gérés en fonction des conditions imposées par ce marché. Or, à chaque étape, à chaque moment et à chaque coin de rue, chacun de ces protagonistes présente un danger potentiel pour les autres. La clandestinité dans laquelle vivent les usagers de drogues impose à son tour un type de rapports humains dominé par la méfiance réciproque et, souvent, le manque de solidarité. Bien plus, dans ce contexte, l’organisation proposée pour faire face au danger du sida est en partie perçue comme une valeur négative, en opposition avec les valeurs positives de la sous-culture : affronter le danger.
  • L’intégration de l’image sociale stéréotypée du « toxicomane ». En termes d’organisation, cette intégration est peut-être la plus difficile à surmonter. L’usager méprisé, humilié, infantilisé ne croit plus en lui-même ni dans ses « pairs ». Il se donne, peu ou pas du tout, le droit à la parole. Il agit dans certains cas comme une victime, mais bien plus souvent comme un coupable qui mérite le sort qui lui est réservé. Prendre la parole, s’organiser, agir comme un citoyen ayant des droits et des devoirs est une étape difficile à franchir.

Au niveau sociétal

  • L’usage de drogues est l’objet d’une répression au niveau légal et d’une stigmatisation sociale. L’organisation autonome des usagers de drogues est ainsi l’objet de nombreux écueils : harcèlement policier, poursuites judiciaires, hostilité de la presse et de l’opinion publique. Quant aux institutions de soins spécialisées dans le traitement de la drogue, la question peut se poser du principe et des modalités éventuelles de leur soutien à l’organisation autonome des usagers de drogues. Par ailleurs, certains usagers de drogues investis dans l’auto-support voient, à tort ou à raison, dans les institutions de soins des ennemis de la sous-culture de la drogue et craignent qu’elles leur soient hostiles ou bien essayent de les récupérer en les utilisant comme partenaires mineurs sous tutelle.

www.asud.org

[1] DGS = Direction Générale de la Santé