Le SIRMIAS est à destination des étudiant·e·s de Master en Ingénierie en Action Sociale, mais est ouvert (sur inscription)

• Aux enseignant·es du Master et, plus largement, de la HELHa et de l’HENALLUX.
• Aux ancien·nes étudiant·es du Master.
• Aux professionnel·les et enseignant·es chercheur·euses intéressé·es par la thématique abordée.

Il offre la possibilité de suivre des présentations variées, ancrée dans la pratique du travail social. Le calendrier et programme complet est disponible ici. 

Une version plus courte comprenant un lien vers les inscriptions est présente ici

• 16 octobre : Julie TIBERGHIEN – « Juste » un clic ? Une ethnographie de la numérisation du travail dans les Centres sociaux régionaux.

  Assistante HES à la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL), réseau MaTISS
  Doctorante à l’Institut des sciences sociales de l’Université de Lausanne (UNIL), STSLab

La numérisation du travail social pose des questions. Quoi de mieux qu’un retour d’expérience pour nourrir les échanges ? Ce séminaire aura précisément pour enjeu le retour sur l’usage d’un logiciel de gestion intégré dans des centres sociaux régionaux (CSR) en Suisse Romande.

Résumé : En 2021, un logiciel de gestion intégré (SAP) a été déployé dans les Centres sociaux régionaux (CSR) d’un
canton de Suisse romande. Présenté comme un « logiciel métier », il ambitionne de simplifier le dispositif
d’aide sociale tout en renforçant son pilotage. Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large de
numérisation des administrations publiques, souvent analysé comme une déclinaison des principes de la
nouvelle gestion publique et comme vecteur d’un mode de gouvernement numérique. Mais que produit ce
logiciel dans le quotidien des assistantes sociales et assistants sociaux (AS) ? Que fabrique-t-on – et à quelles
épreuves est-on confronté – lorsque l’on clique, coche ou saisit dans ce dispositif numérique ?
Ma communication s’appuie sur une recherche doctorale en cours, fondée sur une ethnographie conduite dans
cinq CSR, principalement entre avril 2023 et janvier 2024, complétée par des retours ponctuels sur le terrain.
Elle vise à analyser les conséquences de la numérisation du travail, en se basant sur le « travail en actes » des
AS, pris·es à l’interstice d’injonctions gestionnaires, de prescriptions techniques et d’engagements
relationnels. Initialement pensée dans une perspective critique, attentive aux limites des promesses
technologiques et aux effets de gouvernementalité induits par les outils numériques, la recherche s’est
progressivement déplacée vers une attention plus fine au travail en train de se faire, aux usages situés du
logiciel et aux ajustements mis en œuvre pour « faire tenir » l’activité du travail social.
Trois axes analytiques seront présentés. Le premier concerne les arrangements développés par les AS pour se
préserver et préserver leur métier. Le second s’attache à la fabrique des données numériques, structurée autour
de trois types de travail imbriqués : le travail de conception du logiciel, le travail d’inscription et le travail de
mobilisation des données. Enfin, la posture de recherche sera interrogée : qu’est-ce que signifie mener une
enquête ethnographique dans un milieu professionnel dont les repères entrent en résonance avec ses propres
cadres de référence ?