Le dispositif socio-artistique s’intitule « Représentations civiles » et est proposé dans le cadre du projet de recherche CAPDROITS :
Ce projet est décrit dans un chapitre de l’ouvrage « De la prise de parole à l’émancipation des usagers » (Petiau, 2021) relate une expérience de recherche participative utilisant un médium d’expression alternatif à l’écriture. Il est signé par Pierre-Henri Casamayou, Benoit Eyraud et Siegfried Marque.
Il s’inscrit plus largement dans la démarche Capdroits, qui traite de l’exercice des droits fondamentaux, et de l’accompagnement à la décision, s’adressant aux personnes en situation de handicap, aux personnes usagères, aux proches et aux professionnel·le·s et chercheur·se·s s’intéressant à l’expertise des premier·e·s concerné·e·s. La thématique initiale du projet s’ancre dans la découverte de l’article 12 de la Convention internationale des droits des personnes handicapées (CIDPH). Le constat est que les premières personnes concernées n’ont pas de possibilité d’expression quant à cette thématique (malgré des débats importants et clivés sur la question). Capdroits est un projet de grande envergure reposant sur une série de groupes locaux disséminés sur le territoire français. C’est au sein de ces groupes locaux qu’un premier travail est effectué, à partir de la consigne suivante :
« Pouvez-vous nous raconter une situation de vie au cours de laquelle vous avez été en difficulté dans l’exercice de vos droits, et au cours de laquelle l’intervention apportée a été insuffisante ou excessive » ? (Capdroits, 2016). Par la suite, le dispositif propose de dépasser le récit écrit et de mobiliser l’image et le son afin d’enrichir les expériences relatées et leur réception. C’est ainsi qu’un travail de mise en commun de ces expériences se fait en deux volets.
Premièrement, lors d’ateliers, un brainstorming est orchestré pour réfléchir à la mise en image de ces situations : comment représenter un sentiment comme « le rejet », « l’isolement », ou « le poids de l’administratif » ? Progressivement le choix des images se fait en séance, et est suivi de mise en scène photographiques comprenant les personnes présentes, toujours en séance, qui se prêtent au jeu et vont jusqu’à déclencher les photographies, choisir les accessoires et les mises en scène. Plusieurs réunions suivantes permettront de faire une sélection.
En terme de son, les récits sont également narrés par les personnes concernées (on lit son récit, ou celui d’un·e autre), en face à face. Celles-ci finissent par improviser ensuite, en fonction des éléments du récit présentés.
Ce travail collectif permet de dépasser les situations indviduelles et petit à petit de construire un commun autour de ces questions, un commun non écrit qui plus est. En résultent une série de photographies exposées et un diaporama sonore, disponible en partie en suivant le lien ci-dessus.
Un deuxième volet se constitue lors de forums organisés autour de la question de la représentation civile. On propose aux participant·e·s de ces rencontres de répondre à un formulaire dirigé vers une conscientisation de la notion de capacité civile. Aussi, il leur est proposé d’être photographié en autorisant l’usage collectif de cette photographie à des fins de « sensibilisations du public », donnant lieu à un « Trombinoscope »
L’originalité du projet, et ce qui fait son importance dans le cadre des questions participatives, est la possibilité pour les personnes concernées de se saisir d’un autre médium que celui de l’écrit. Une manière de permettre aux personnes moins à l’aise avec la parole ou l’écriture de tout de même transmettre leurs expériences et de les rattacher à des questionnements dépassant les situations individuelles.